KIMBERLEY

Pendant deux ans, j'ai été professeur de religion de Kimberley.

 Voilà comment je l'ai connue, à l'âge de 14 ans. Elle était toujours comme cela.

Quand Ermando m'a appris ton assassinat, j'ai été comme arraché. Le mot n'est pas fort. Je n'ai pu donner les cours à mes classes pendant la semaine qui a suivi. Nous avons débattu, prié. Nous sommes restés des minutes entières sans pouvoir parler. Tout était vain, devant la douleur pure et l'imagination de ton martyre.

Par la suite, une douleur presque aussi grande est venue s'ajouter: Au fur à mesure que l'enquête a avancé, lorsque le barbare a été arrêté, il a fait tout ce que font les lâches: il a chargé sa victime. Les journaux écrivaient toujours: "L'assassin dit que...", suivi de tout un délire de contradiction patentes. Tout juste si Kimberley n'était pas responsable de son assassinat. Les journaux ont toujours insisté sur l'inanité de ces propos. Mais le plus triste, c'est que les ragots sont venus, d'ici ou de là. Il suffit d'une ou deux personnes. Que dire de ce fait: un de mes collègues se permettant, en pleine salle des professeurs, une réflexion inique et absolument calomnieuse sur ta vertu. J'essaye de ne pas dire de mal des personnes... Mais que ceux qui se croient méritants se taisent face à la douleur absolue. Au jour du jugement, chacun se jugera lui-même avec la même mesure dont il aura jugé les autres.

Je me souviens d'une chose, et c'est une consolation pour moi. Pendant ces deux ans, nous avons parlé en classe de tout ce qu'il fallait pour le passage dans l'autre monde: Les raisons du silence de Dieu; Les causes de la souffrance; L'entrée dans l'au-delà; L'humilité et l'amour qui plaisent à Jésus. Sans que nul ne puisse le prévoir, tu as été bien préparée.

Kimberley, je le redis avec tous tes amis, avec Séda qui en a témoigné en classe, avec Marie-Lolie ton éducatrice qui l'a redis dans le bus qui nous menait là où repose ton corps:

Tu es passée comme une lumière dans nos vies.

Tu as eu un seul tort: tu as été trop confiante, pensant que tout le monde était gentil, comme tu l'étais.

Là où tu es, ce "défaut" est la plus grande des qualités.

Alors prie pour nous.

 KIMBERLEY